LES BLOCS AURICULO VENTRICULAIRES (BAV)

Ici les battements de l’oreillette sont en nombre normal mais ils ne sont pas tous transmis vers les ventricules. Le blocage peut se situer dans le nœud auriculo ventriculaire (NAV), fréquemment sous l’effet de traitement ralentissant la conduction, ou plus bas dans le tronc du faisceau de His ou ses branches.

Le blocage dans le NAV est rarement grave. Il peut n’entrainer aucun symptôme et n’être décelé que sur un ECG. Il peut régresser à l’effort ou ne se manifester que pendant le sommeil. Aucun traitement spécifique n’est alors requis en dehors d’une surveillance pour vérifier l’absence d’aggravation.

Dans les formes plus sévères il peut entrainer de l’essoufflement et plus rarement des syncopes graves avec nécessité d’implantation d’un stimulateur.

Quand la zone de bloc est sous le NAV, la situation est beaucoup plus préoccupante. En effet, tel un court-circuit, l’électricité n’est plus transmise de l’oreillette vers le ventricule pendant un temps variable occasionnant un arrêt cardiaque avec la caractéristique syncope à l’emporte-pièce : perte de connaissance brutale, sans signe avant-coureur, chute parfois traumatisante, réveil brutal, sans amnésie des faits précédents la perte de conscience. Ces syncopes typiques peuvent alterner avec des malaises sans perte de connaissance si la durée du BAV est brève. On peut également observer l’émergence d’un rythme cardiaque suppléant, plus lent que le rythme normal. Ce rythme n’est pas présent chez tous les patients. On peut donc mourir de BAV si le bloc se prolonge et qu’aucun battement cardiaque de suppléance ne surgit.

Certains BAV sont permanents, avec un rythme d’échappement lent et une bradycardie persistante. La tolérance de ce type de rythme anormal car désynchronisé de l’activité des oreillettes et trop lent, dépend de sa fréquence (plus il est lent moins la tolérance est bonne) et de l’existence d’une pathologie cardiaque sous-jacente (le BAV peut alors causer une décompensation cardiaque). L’essoufflement à l’effort et la décompensation cardiaque sont les symptômes les plus fréquents.

Comme pour la dysfonction sinusale, le diagnostic repose sur l’ECG, le Holter et si besoin l’exploration électrophysiologique.

L’ECG retrouve les ondes P en nombre suffisant, mais toutes ne sont pas suivies de QRS : on parle d’onde P bloquées.

Dans le BAV nodal, donc peu sévère, une onde P sur 3 ou 4 est bloquée, avec une répétition de la séquence sur l ECG. L’implantation d’un stimulateur cardiaque est rarement nécessaire.

Pour les BAV sous le NAV, donc graves, les ondes P sont bloquées de façon inopinée et parfois prolongée, occasionnant syncope ou arrêt cardiaque. C’est dans cette indication que le stimulateur cardiaque est formellement indiqué pour améliorer le pronostic vital. Sur l’ECG on peut observer plusieurs ondes P bloquées d’affilée pendant parfois plusieurs secondes. En l’absence de rythme d’échappement une mort subite peut survenir par arrêt cardiaque.

ECG de BAV sévère relevant de l’implantation d’un stimulateur cardiaque.
Les ondes P ne sont pas suivies de QRS. Le rythme d’échappement des ventricules (QRS) est lent.